Samneua est une capitale de province peu touristique qui nécessite 16h de bus a partir de Luang Prabang pour l’atteindre. On compte se rendre la bas pour passer la frontière vietnamienne, pour un peu situer.
On arrive a la station de bus ou on s’aperçoit que l agence de ticket se prend 15 000 kip de commission sur les 115 000 soit plus ou moins 1.50 $ chacun, c’est peu évidemment mais c est aussi la première fois!
Bref le bus arrive avec 1h30 de retard (rien d’étonnant) et avec un léger sur-booking…
On envoie nos sacs sur le toit, on pénètre comme on peu le véhicule en chevauchant sacs et passagers du milieu callés sur des tabourets.
Le chauffeur nous presse de trouver des places mais rien a faire y en a plus!
Alors de ce fait, un couple d’australien et nous on se retrouve debout… Pauline dit qu’elle ne tiendra pas 16h comme ça, je la crois. Mais a-t-on le choix?
Bon, au bout de plein de minutes, peut être 1h ou 2, une passagère se casse d’un fauteuil, une petite jeune saute sur dernier, ce qui libère un tabouret que je garde pour ma blonde qui souffle un peu…
Le bus continue de s’arrêter pour prendre encore plus de colis et de passagers; on doit être plus de 70 à bord!!
Dans les virages les roues s’écrasent contre la carrosserie, c est un vieux bus de ville des années 70-80, qui sent le vomi et le baume du tigre en même temps.
Debout c est assez impressionnant… Je surfe la route au son salvateur du baladeur de Pauline, adaptant la musique a l’intensité de mes crampes naissantes !
Une petite garce en tabouret s’avachit au maximum pour marquer son territoire et par la même mes pieds en tonguasses, que je peux à peine bouger.
Suspendu aux barres de plafond je parviens tout de même à poser une demi hanche sur un dossier… Ca sent toujours le vomi.
Entre temps le couple d’occidentaux nous explique qu’ils ont déjà essayé de prendre ce bus une première fois, mais ne l’ont supporté que la moitié…
Au bout de 2h30 environ, le bus s’arrête et prend un type en manteau rouge, 10 mn plus tard, un autre sur un fauteuil arrive à destination. Je dis a Pauline de s’apprêter a prendre la place qui lui revient de droit…et la, la veste rouge enjambe une jeune fille sur un tabouret, qui manque de choir, passe les genoux du voisin de banquette et bloque le passage de celui qui se barre!!
Stupéfaction!
J’attrape calmement le malandrin par l’épaule et lui fait signe de s’asseoir sur le tabouret de Pauline et somme cette dernière de prendre la place disponible. Le type fait mine de ne rien comprendre et prend la place le plus naturellement du monde…
La Guerre est déclarée!
Pauline reprend son tabouret en débordant au maximum sur les genoux de ce con et je profite d’un de ses mouvements pour caller mes deux fesses sur son dossier… Position des plus inconfortables et anti-anatomique qui soit, mais à la guerre comme à la guerre, pardis!
Un quart d’heure de bataille ont eut raison de mon séant, je me lasse…
Parfois le repli permet de mieux cerner l’ennemi. On se dit que le bougre n’a certainement pas une vessie a toute épreuve!! Une petite heure plus tard, pause bouffe, le bus se vide, Pauline reprend alors son siège…
On en profite alors pour se poser des questions sur l’état du chauffeur qui vient déjà de Vientiane, soit déjà 10h de bus dans le melon.
Par chance, le poinçonneur est là. Un jeune type à la mine sympathique, qui grimpe sur le toit à partir d’une fenêtre pour le chargement et déchargement de l’autocar et ressaute par la porte dans le véhicule déjà en route vers l’arrêt suivant. Il est accompagné par deux de ses potes dont le seul job semble consister à maintenir le capitaine éveillé!
Pause graillon terminée, la trêve touche à sa fin! La casaque rouge rentre dans le box, et constate amèrement sa défaite lorsque Pauline, assise, et moi debout au dessus du seul tabouret de libre, le fusillons du regard afin de lui signifier son incorrection…le bus repart, le con debout! Nous jubilons. Quelques minutes plus tard, encore un arrêt quelqu’un descend, brouhaha à l’arrière bus, surement une bagarre pour récupérer la place vide…La dessus le nain rouge traverse l’allée centrale bondée et bondit sur un tabouret! Petite déception mais Pauline a son fauteuil. On se calme, le sang commence a revenir dans quelques uns de mes orteils après ces quelques heures debout!
Ca sent le vomi et le baume du tigre.
Quelques minutes… un arrêt, une femme d’âge honorable, au noble maintient, accompagnée d’une schtroumpfette de quelques mois, pénètre dans l’arène et ne trouve aucune place…Je me lève, mais le chauffeur du bus, témoin objectif, acquis à ma cause vint trouver la jeune avachie de derrière, qui doit avoir 14 ans tout au plus, et lui impose de céder sa place à cette dame. Elle refuse, il insiste, elle se lève, la dame s’assied, la jeune fille me pique mon tabouret!! Merde! Je laisse tomber je dois revoir ma tactique… Sans doute n’ais je pas été assez vigilant.
Je médite sur l’accoudoir de Pauline…Horreur!! le mec en rouge est déjà dans un fauteuil… je suis mauvais.
Les heures passent, les arrêts s’enchainent, de demi pipi en quart de cloppe je m’aperçoit que le capitaine et ses matelots sont de mon côté, ils se marrent en Lao et moi en français. Ils sont gênés que je n’ai toujours pas de place, ça m’aide… Il est des moments où il est bon de se sentir soutenu.
Les heures s’écoulent, les sacs a vomi bondissent par les fenêtres, on prend de l’altitude, hors de question de se calfeutrer dans le véhicule, les sacs ne passerait plus à l’extérieur!
Au bout d’un moment une place semble libre, personne ne saute dessus… le rouge toujours assis, je m’enfonce fébrilement vers le fauteuil, O joie ! Enfin mon délicat siège trouve la chaleur de la mousse recouverte de vinyle pour le réconforter.
Dans la foulée, mon odorante et vielle voisine arrive à sa destination, ce qui nous laisse a Pauline et moi, l’opportunité de nous courbaturer et torticoliquer a loisir sur la même banquette, on s’endort (tellement mal que l’on en oublie presque pourquoi on la convoitait tant). Le chauffeur tient bon…20h! Pfiiiouu! Presque une semaine de boulot en France!, 1 an a la Zeevaart s cool !! Et lui, bof, une journée… Il cède finalement sa place au poinçonneur-cadet qui nous permet de prendre conscience de l’expérience du vieux commandant. Aucune vitesse ne passe sans craquer, aucun virage en prise… Le capitaine dort, il doit avoir confiance… Vers 7h il reprend le volant, jusqu’à l’arrivée, ce qui nous rassure!
Vers 11h midi on arrive à Samneua, on remercie chaleureusement le chauffeur, il doit faire 8 degrés (1200m d altitude), on a faim on a froid, on doit être en vie!
Arthur M